17
déc.

Oxygène en bouteille

La pollution est l’une des conséquences les plus importantes du développement accéléré de la Chine. La semaine dernière, le niveau de pollution de l’air a atteint le niveau d’alerte maximal fixé par les autorités, faisant de ce problème déjà majeur un impératif.

En réponse à cette raréfaction de l’air de « bonne qualité », un nouveau marché lucratif a émergé, et les médias et réseaux sociaux nous rapportent des histoires qui prêtent à rire, comme celle de ce restaurant de Zhangjiagang, ville de la province du Jiangsu, dans lequel les clients sont facturés pour respirer l’air filtré de l’établissement, ou celle d’un multimillionaire chinois qui s’est lancé il y a deux ans dans la vente (peut-etre symbolique) d’air frais en cannette. Plus récemment, une start-up Canadienne s’est retrouvée sous les feux des projecteurs pour le succès rencontré par les ventes massives de son air en bouteille, à environ 20$ l’unité.

Aussi drôle et absurde que cela puisse paraître, ces scénarios ne sont pas extraits d’un roman futuriste pessimiste, et devraient plutôt nous inquiéter.

Nous savons déjà que l’accès « illimité » à l’eau potable est un luxe dont seule une partie relativement petite de la population mondiale peut se vanter d’avoir, mais l’air sain ne semble pas être une réelle préoccupation, car il est abondant. En réalité, c’est justement parce qu’il s’agit d’une ressource naturelle comme une autre que nous ne devrions pas totalement la considérer comme acquise, puisque celles-ci sont altérées par nos propres activités. Dans le cas de la Chine, la pollution de l’air est principalement causée par l’industrie charbonnière et est en retour la cause de 4 400 décès par jour, selon une étude.

Pour cette raison, je ne pourrais pas blâmer catégoriquement les gens qui font du profit de la vente d’air frais, et encore moins ceux qui alimentent ce marché en consommant, car celui-ci subsiste en tant qu’offre à une demande qui est motivée par une nécessité réelle (la santé), et les prix sont d’une certaine façon justifiés par les coûts de l’embouteillage et du transport de l’air. Il ne s’agit cependant que d’une manière très limitée et temporaire de contrer les effets d’une pollution qui s’éternise, et, comme à l’accoutumée, seuls les plus aisés peuvent se permettre d’en profiter.

Sources :
http://www.nytimes.com/2015/12/08/world/asia/beijing-pollution-red-alert.html
http://www.bbc.co.uk/news/blogs-news-from-elsewhere-35091784
http://www.dailymail.co.uk/news/article-2271690/Bottled-AIR-Chinese-multimillionaire-sells-EIGHT-MILLION-cans-fresh-air-TEN-DAYS-pollution-levels-climb-record-high.html
http://edition.cnn.com/2015/12/15/asia/china-canadian-company-selling-clean-air/
https://www.chinadialogue.net/article/show/single/en/5604-How-did-China-s-air-pollution-get-this-bad-
http://www.huffingtonpost.com/entry/air-pollution-china-deaths_55cd9a62e4b0ab468d9cefa9

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